PETIT EYOLF d’Henrik Ibsen – Mise en scène julie Berès

Petit-EyolfREQUIEM POUR IBSEN 

WHAOU !

WHAOU !

Petit Eyolf est une pièce qui arrive très tard dans l’œuvre du dramaturge norvégien Ibsen.. Elle n’est pas très connue, peu jouée et franchement pas top…

En même temps, on parle d’Henrik Ibsen, l’auteur qui écrivit à la fin du 19ème siècle des oeuvres incroyablement modernes et ayant encore une troublante résonnance un siècle plus tard. Donc,quand même, on s’arrête et on s’intéresse.

Le vrai maître en travail de la matière ibsénienne est le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier (encore lui..). Ce dernier a vraiment une capacité impressionnante à isoler la moelle et construire une oeuvre scénique bouleversante tout autour. Ceux qui ont vu Maison de Poupée (Nora) à Avignon ou à Sceaux en 2004 resteront marqués à vie par Anne Tismer dansant dans son aquarium et quittant son domicile conjugal et ses enfants sur la musique d’Annie Lennox.

D’enfants et d’aquariums, il en est question dans le petit Eyolf mis en scène par Julie Berès au théâtre des Abbesses. En Deux mots, l’histoire : Rita, maman du Petit Eyolf ressent son fils handicapé (en plus par sa faute à elle) Eyolf comme un obstacle à l’accomplissement de ses désirs. Son mari, Alfred revient d’une longue retraite philosophique . Par ailleurs, tel un vrai Lannister, Alfred nourrit des sentiments ambigus envers sa demi-sœur Asta. Apparaît alors une femme aux rats qui veut « les débarrasser de ce qui les ronge ». Peu après, Eyolf se noie pas accident dans un fjord. Accusations, ressentiments, regrets, déclarations d’amour vont alors se succéder jusqu’au dénouement final.

Premier point : Julie Berès n’est pas Ostermeieir, çà c’est clair mais bon, qui l’est  en France aujourd’hui? Si j’ai bien compris, apparemment, c’est l’une des premières fois où elle aborde un texte classique. Ca se ressent. Elle n’est pas super à l’aise mais elle est travaillée par une envie…donc elle y va. Aidée de son brillantissime scénographe Julien Peissel (nom à retenir), elle nous propose de vivre un rêve éveillé noir et bleu tout à fait saisissant et même par moment renversant.. On peut parler d’un théâtre immersif travaillant les sons, les lumières, les éléments autant que l’intelligence, une vraie oeuvre graphique et sensorielle, quitte à ce qu’Ibsen et son théâtre dramatique disparaissent un peu eux aussi dans les eaux du fjord.. Certains moments évoquent Lynch ou à Warlikowski.

Par contre et là est la différence notable avec le génial polonais W, les comédiens ne sont vraiment mais vraiment pas à la hauteur (ou mal dirigés au choix). L’actrice qui interprète Rita, la mère, n’est pas juste et, par son hystérie mal maitrisée, plombe un peu certaines scènes.

Dommage dommage.

Mais bon, ne boudons pas notre plaisir, c’est quand même un très beau spectacle. On se souviendra de l’image de Petit Eyolf tellement inquiétant lorsqu’il joue dans sa chambre bulle colorée, lumineuse, anachronique  puis qui disparaît par magie dans une marche de l’escalier et surgit plus tard d’entre les morts, au fond de l’aquarium pour s’adresser à sa mère… Il y a aussi ce requin gonflable qui s’échappe de la chambre et erre libre dans la salle faisant un contrepoint à Eyolf cloué au sol par son handicap etc..C’est simple, signifiant, émouvant.

Nous avons assez hâte de revoir des mises en scène de Julie Berès, mais dans un autre registre et avec des comédiens d’une autre trempe. Dates et lieux du spectacle : http://www.lescambrioleurs.fr

Petit-Eyolf-42-©-Tristan-Jeanne-Valès

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Petit-Eyolf-10-©-Tristan-Jeanne-Valès

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